Elu maire (EELV) de Bordeaux au printemps, Pierre Hurmic avait rapidement donné le "la". "Convaincu de l’urgence d’engager [sa ville] sur le chemin de la transition écologique", comme il l’avait expliqué lors de sa conférence de presse de rentrée, le retour de la nature au cœur de la capitale girondine constitue l’un des points centraux de sa mandature.
La démarche Bordeaux grandeur nature, dont la saison 1 a été lancée le 25 novembre, acte le début de cette reconquête végétale. Ce projet, qui se déclinera sur les six années de mandats de la majorité, sera renouvelé en cas de réélection, confie Didier Jeanjean, adjoint au maire chargé de la nature en ville. Il s’articule autour de quatre axes : protéger, renouveler, planter et participer. L’objectif à l’issue des six (premières ?) années : que chaque Bordelais soit situé à moins de 10 minutes à pied d’un espace végétalisé.
Sanctuariser et anticiper
Protéger, donc, les espaces non-artificialisés, en sanctuarisant les friches, ainsi que les 45 ha du Parc de la Jallère, qui passera en zone naturelle dès janvier 2021. Une modification effectuée dans le cadre de la révision du Plan local d’urbanisme, qui se donne aussi pour objectif de protéger les cœurs d’îlots et les arbres remarquables du domaine privé. En termes budgétaires, la direction des espaces verts verra son enveloppe augmenter pour financer l’étude d’un schéma directeur de gestion des parcs et jardins. Enfin, la nouvelle municipalité entend obliger les porteurs de grands projets urbains à intégrer "beaucoup plus de pleine terre", à l’image de l’écoquartier Bastide Niel, où "9 des 15 hectares d’espaces publics seront en pleine terre, contre 5 auparavant".
Renouveler, aussi, les politiques et les dispositifs mis en place pour œuvrer à la végétalisation d’une "ville très minérale", comme Pierre Hurmic la qualifie. Un volet organisationnel qui ambitionne d’enclencher une "démarche pro-active pour accélérer la végétalisation des rues avec les habitants" mais qui renforcera aussi les moyens dédiés à une réponse rapide aux demandes de végétalisation. Une formulation trouble pour des mesures qui s’éclaircissent grâce aux explications de Didier Jeanjean : "nous voulons que les services, qui auparavant ne pouvaient que traiter les demandes, aillent dans les rues pour sensibiliser les habitants et créer un besoin". Agir plutôt que réagir, donc, pour l’élu, qui précise qu’une étude a été réalisée en interne à l’échelle de la commune. "Nous avons identifié les rues à végétaliser en priorité, ainsi que les secteurs qui souffrent d’un déficit de végétalisation", explique-t-il, se félicitant d’avoir dans les mains un outil destiné à favoriser la hiérarchisation des besoins et l’organisation des actions de végétalisation.
Impliquer les citoyens
Le troisième axe porte sur la plantation d’espaces végétaux, dont le budget consacré sera multiplié par trois par rapport à 2019. En effet, l’enveloppe dédiée s’élèvera à 300 000 €, contre 100 000 € l’année dernière. Des nouveaux moyens qui accompagneront le changement de méthode voulu par la nouvelle équipe municipale, dans la manière de planter les essences végétales. Pour cause, au lieu de planter uniquement des arbres, des strates plus basses seront introduites, de manière à "développer beaucoup plus d’espaces désimperméabilisés" à Bordeaux. Conséquence de l’augmentation du budget alloué, de nouveaux espaces seront plantés, à l’image des cinq micro-forêts urbaines créées dès la première saison.
Enfin, le dernier volet de la démarche s’attachera à développer la participation citoyenne, une autre volonté forte du programme de Pierre Hurmic pour les municipales. Son idée pour intéresser les citoyens et les impliquer dans la fabrique d’une ville plus verte : l’instauration d’un permis de végétaliser. "Si un outil, similaire dans le processus administratif, permettait déjà de demander une autorisation de végétaliser à la mairie, ce nouveau permis accentue la démarche", explique Didier Jeanjean. En effet, si précédemment la municipalité délivrait l’autorisation de planter une seule essence, le permis de végétaliser "ajoute une dizaine d’outils et élargit la diversité des installations, en autorisant des aménagements tels que des jardinières ou encore des fosses de plantations", précise l’adjoint chargé de la nature en ville. Ce dispositif, qui devrait permettre à chacun de jardiner dans l’espace public, et ce avec l’aide de la mairie, sera renforcé par un outil numérique. En plus d’aider les agents municipaux à guider les demandeurs dans leur projet, il permettra de leur donner une vision globale sur l’ensemble des permis délivré.
Créer un "bien commun des Bordelais"
Pour Pierre Hurmic, qui donne corps à ses promesses de campagne, ce programme se pose comme une stratégie globale de végétalisation. La mise en place de nouveaux outils, l’accentuation des plantations et l’implication des citoyens dans ce processus, structurera la ville autour "d’une charpente verte" qui sera "un bien commun des Bordelais", espère le nouvel édile. Une manière, aussi, de lutter contre les îlots de chaleur urbains et tendre vers le zéro artificialisation, une autre promesse de campagne de l’écologiste.