Bordeaux Euratlantique, plus vaste Opération d’intérêt national (OIN) de France, avec ses 730 ha, vise la création de 2,5 millions de mètres carrés, l’arrivée de 40 000 habitants supplémentaires ainsi que 30 000 nouveaux emplois. Au fil des livraisons d’immeubles, qui vont nettement s’accélérer d’ici 2020, le centre de la métropole bordelaise s’agrandit à l’est de Bordeaux, Bègles et Floirac.
Le territoire de l’Opération est divisé en quartiers, organisés autour d’une place publique, elle-même marquée par un immeuble "signal", pour "répondre à l’organisation du centre historique de Bordeaux", explique Alexandre Villatte, directeur général adjoint de l’Etablissement public d’aménagement (EPA) en charge de l’OIN. Très investi de sa mission, de développement urbain mais aussi "économique" et "durable", l’établissement s’est lancé dans une démarche de "construction bois ambitieuse", visant à faire d’Euratlantique "le premier quartier 'bas carbone’ de France", et à structurer la filière bois, aux niveaux régional comme national.
L’Armagnac, quartier "bois"
Ainsi, 25 000 m2 de programmes comprenant une composante bois significative sont construits chaque année, "ce qui est énorme", selon le dga. Ces constructions sont "réparties sur l’ensemble de l’OIN", mais un quartier, celui de l’Armagnac, autour de la place éponyme, aura une "identité construction en bois" plus affirmée. C’est au pied de cette place que sera construite Hyperion, la tour d’habitation en R+17 à structure, planchers et ossature de façade en bois, dessinée par Jean-Paul Viguier et réalisée par Eiffage Immobilier. Elle accueillera 82 logements en accession libre (3 600 €/m2) et en accession maîtrisée (2 500 €/m2).
Pour Philippe Plaza, dg d’Eiffage Immobilier, qui organisait, le 7 juillet, une visite de ses projets sur l’OIN, il s’agit de "préparer l’avenir" en diversifiant ses méthodes de construction. Une diversification qui, pour l’instant, induit un surcoût "d’environ 15 %". Le reste du programme, au pied de la tour, comprend 78 logements (locatifs sociaux et en accession maîtrisée) et 4 000 m2 de bureaux, répartis en trois bâtiments de hauteur et matériaux plus classiques.
Une OIN, deux ZAC
Deux ZAC ont été constituées sur le territoire de l’Opération d’intérêt national, de part et d’autre du fleuve : les ZAC Saint-Jean Belcier et Garonne-Eiffel. Saint-Jean Belcier constitue la première phase opérationnelle de l’OIN. Elle s’étend de la gare Saint-Jean à la Garonne, jusqu’au futur pont Jean-Jacques Bosc, et prévoit, sur environ 145 ha, la création de 290 000 m2 de bureaux, 340 000 m2 de logements, des locaux d’activités, commerces, hôtels et équipements publics, et 20 ha d’espaces publics, reconquis notamment sur l’autoroute urbaine qui passe sur les berges du fleuve, et sera transformée en boulevard urbain.
L’équipement public phare – et locomotive – du quartier sera la Méca (Maison de l’économie créative et de la culture en Aquitaine), qui accueillera fin 2018 le Frac (Fonds régional d’art contemporain) et les deux agences culturelles de la Nouvelle Aquitaine, l’une dédiée au spectacle vivant, l’autre à l’écrit et l’audiovisuel. À proximité immédiate, le long de la Garonne, Eiffage Immobilier va transformer les anciens abattoirs, construits en 1938 : c’est le projet de la Halle Debat Ponsan, que le constructeur faisait également visiter le 7 juillet.
Restaurants, hôtels et bureaux
Le programme prévoit 6 800 m2 de commerces de restauration dans la halle, préservée pour son intérêt patrimonial, bien que non classée. Dans la continuité immédiate de celle-ci, l’architecte A/NM/A, maître d’œuvre de l’opération, a conçu un hôtel quatre étoiles, de 5 200 m2 (166 chambres), qui sera exploité par Naos, qui a conclu un contrat de franchise avec Hilton, et deux bâtiments de bureaux d’une surface totale de 10 600 m2. Toute l’opération a été cédée à Crédit Agricole Assurances : la partie réhabilitée, en bail à construction sur 60 ans, et la partie neuve, en pleine propriété. Le tout sera livré au printemps 2018.
Le nouveau pont Jean-Jacques Bosc, de près de 550 m de long et de 44 m de large, permettra, notamment, de terminer la boucle des boulevards, au sud de Bordeaux, et pourra accueillir des événements publics. Dessiné par Rem Koolhaas, il sera mis en chantier en septembre prochain, pour une livraison à l’été 2020.
En couverture : perspective de la ZAC Garonne-Eiffel. © GGau-A2studio