Le 12 janvier dernier, l’association pour les familles victimes du saturnisme (AFVS), en partenariat avec le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), organisait dans les locaux de l’Union nationale des associations familiales (UNAF) la projection du film documentaire "Notre plomb quotidien" réalisé par Fabrizio Scapin.
L’occasion de rappeler les méfaits de cette pathologie, pour laquelle l’association dénonce "la démobilisation grandissante de la part des services de la santé publique". Le dépistage n’étant plus un réflexe en France, il est facile d’oublier que la maladie existe, souligne l’AFVS. "Si on ne la cherche pas spécifiquement, on ne le trouve pas", confirme Rémi Laporte, pédiatre à la consultation enfant-environnement de Marseille, dans une interview réalisée pour le documentaire.
Les procédures difficiles à appliquer
En matière de logement, les manquements aux différents dispositifs législatifs établis pour protéger les populations ont été particulièrement soulignés au travers du témoignage de familles touchées, des retours des membres de l’AFVS, de médecins généralistes et d’employés municipaux ou des services de santé, également présents.
En ligne de mire : les difficultés à faire appliquer les procédures définies par le code de la santé publique lors du dépistage d’un cas de saturnisme. "Le signalement obligatoire des pathologies détectées auprès de l’Agence régionale de santé (ARS) et du préfet ne donne pas systématiquement lieu à la prise en charge rapide du problème", a déploré une des employées de l’association, quotidiennement en contact avec les familles.
Pas de mesures de relogement
Lorsque l’enquête environnementale exigée dans cette situation établit le risque d’intoxication pour les occupants du logement et/ou de l’immeuble concerné, les propriétaires ne se plient pas toujours à l’injonction qui leur est faite d’effectuer des travaux de recouvrement ou de réhabilitation. De la même manière, la préfecture ne donne pas toujours suite, comme elle est tenue de le faire, à ces manquements par la prise en charge directe des travaux et de l’hébergement provisoire des locataires concernés.
Autre obstacle souligné : l’inexistence de mesures de relogement obligatoires ou prioritaires pour les familles dont les enfants sont intoxiqués, alors que cette solution constitue dans la plupart des cas le seul traitement durable contre le saturnisme. Enfin, a été pointé le respect non systématique de la délivrance du Contrat des risques d’exposition au plomb (CREP) requis lors de la vente d’un immeuble ou d’un logement, de travaux dans les parties communes ou de toute nouvelle location.
Mobilisation plus intense souhaitée
L’AFVS mène depuis 1998 de nombreuses actions pour faire valoir les droits des victimes du saturnisme (diagnostics, accompagnement et suivi médical des familles, réunions d’information, procédures juridiques, etc). "Il est urgent que nous nous mobilisions de façon plus intense que jamais pour éviter que des enfants subissent des séquelles graves et irréversibles", a conclu Patrick Mony, président et fondateur de l’association. En plus du documentaire, deux brochures détaillées ont été réalisées pour favoriser la sensibilisation du public.