Avec la signature de la convention d’acquisition, le 30 novembre, la Ville d’Aulnay-sous-Bois (93) reprend la main sur les 107 hectares restants de la friche appartenant à PSA (le départ des activités industrielles du constructeur en 2012 avait libéré une emprise foncière de 180 ha au total).
Après plusieurs mois de négociations, le groupe automobile, la municipalité et l’EPF Ile-de-France (Epfif) ont donc trouvé un accord. C’est ainsi que l’Epfif s’est porté acquéreur, pour le compte de la Ville, de "la plus grande emprise à aménager à ce jour en Ile-de-France", indique à la presse, Gilles Bouvelot, directeur général de l’établissement. "Avec cette opération, Aulnay devient notre premier partenaire en volume, après Paris".
Un montage complexe
L’acquisition a été actée pour un montant de 110 M€ (105 M€ HT pour une emprise de 105 ha et 5 M€ HT pour le bâtiment Pierre Peugeot de 1,2 ha), intégrant une "clause de retour à meilleure fortune" pour PSA : si la programmation s’avère plus ambitieuse que prévu, soit la création d’environ 960 000 m2 d’ici dix à quinze ans, le surplus de valeur sera partagé entre l’aménageur et PSA. "Une clause classique pour les grands sites", indique Gilles Bouvelot.
Selon le montage choisi, l’Epfif vendra les terrains "par phase et à prix coûtant" à une Semaop (Société d’économie mixte d’aménagement à opération unique), créée pour mener à bien le projet de reconversion et détenue, pour l’heure, à 17 % par la Ville et à 17 % par Grand Paris Aménagement (qui, en l’occurrence, n’est pas l’aménageur mais le représentant de l’Etat, désigné par ce dernier). Un montage complexe, et inédit à cette échelle, précisent les parties prenantes, qui permet "une nette accélération de mise en œuvre" et une "maîtrise foncière totale" tandis que PSA s’est totalement désengagé (contrairement à ce qu’a fait Renault sur l’île Seguin par exemple). Et Bruno Beschizza, maire (LR) de la commune, de rappeler les risques qui pesaient sur ce terrain : "PSA aurait pu attendre 2023 et l’arrivée du Grand Paris Express pour valoriser le site", la friche aurait aussi pu être vendue à la découpe.
L’enjeu est énorme, rappelle l’élu, qui ne souhaite pas faire "que de l’immobilier", mais bien "de l’aménagement". D’où l’intérêt de cette Société d’économie mixte d’aménagement à opération unique.
A terme, des acteurs privés rejoindront le capital de la Semaop. A ce titre, un appel d’offres sera lancé d’ici avril 2018 pour désigner les opérateurs qui porteront, in fine, les projets. D’ici là, l’équipe composée de Richez Associés et Egis (sélectionnée en septembre) préciseront les contours de la programmation de ce quartier en devenir.
Un quartier mixte et un centre de formation dédié aux métiers du transport
Sur ces "180 hectares de vide", Bruno Beschizza ne veut surtout "pas répété les erreurs faites pour la Cité des 3 000". Après plus d’un an de travail, le PLU a été révisé afin d’intégrer ce site, dont la superficie est "plus grande que celle de La Défense", insiste l’édile. La programmation est encore en cours d’élaboration, mais Bruno Beschizza, qui ne veut pas transformer la friche en un énième ghetto résidentiel (notons que la commune compte déjà 38 % de logements sociaux), sait d’ores et déjà qu’elle ne comptera "pas plus de 2 500 logements". Le maire craint, en outre, que ce nouveau morceau de ville n’entre un jour dans le périmètre des QPV (quartier en politique de la ville). Si c’est le cas, il ne pourra pas y faire de la "reconstitution sociale" : c’est-à-dire y construire des logements sociaux en compensation de ceux qu’il démolirait ailleurs, dans la Cité des 3 000 par exemple.
Le futur quartier se développera autour d’"un centre de formation dédié aux métiers du transports", en cohérence avec le tissu économique du territoire, justifie-t-il.
En attendant les grues, de l’urbanisme transitoire pourrait occuper la friche de ce "territoire charnière, situé entre trois communes et deux départements, dans un secteur en mutation, qui sera desservi, d’ici à 2023, par le Grand Paris Express", ajoute Gilles Bouvelot.
Notons que sur les 75 hectares préalablement cédés, plusieurs entreprises sont attendues (Segro et Carrefour notamment). La Société du Grand Paris prévoit d’y installer le centre de remisage des lignes 16 et 17. Au total, cette partie dédiée aux activités économiques pourrait accueillir 1 100 emplois, estiment les parties prenantes. Pour rappel, PSA y comptait 2 800 emplois avant la cessation de ses activités.